Ma mémoire assassine de Kim Young-ha

★★★★★ (5/5) — « Kim Young-ha se montre ici à la hauteur des plus grands auteurs de polars noirs, en nous présentant mine de rien, sous couvert d’une gentillette histoire racontée par un vieillard malade, une histoire sordide et malgré tout entraînante, dont le dénouement est totalement inattendu, et le narrateur très attachant. »

Ma mémoire assassine

« Les hommes sont prisonniers du temps. Et ceux qui sont atteints d’Alzheimer sont enfermés dans une prison dont les cellules rétrécissent de plus en plus vite.  »

⇢ FICHE TECHNIQUE

Titre original : 살인자의 기억법 (‘Sarinja eui kieokbeop’)
Titre français : Ma mémoire assassine
Auteur : Kim Young-ha
Editeur : Éditions Philippe Picquier
Genre : policier, thriller, littérature étrangère
Parution : mars 2015
Nombre de pages : 160

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⇢ QUATRIEME DE COUVERTURE

Un ex-tueur en série décide de reprendre du service. Seul problème : il a soixante-douze ans et vient d’apprendre qu’il est atteint de la maladie d’Alzheimer.
Sous ses dehors de vieillard inoffensif s’adonnant à ses heures perdues à la poésie et la philosophie, se cache un redoutable meurtrier qui a assassiné sans remords des dizaines de personnes. Aujourd’hui il repart en chasse alors que rôde autour de sa maison un homme qui menace de s’en prendre à sa fille adoptive bien-aimée.
S’engage alors une course contre la montre : tuer avant d’oublier qui il est, avant que la maladie n’ait raison de lui, qu’il ne devienne prisonnier d’un temps sans passé ni futur.
Un étrange roman d’humour noir dont l’héroïne n’est autre que la mémoire qui se dérobe et brouille les pistes. Et un suspense au dénouement stupéfiant, car derrière une histoire peut s’en cacher une autre dont le lecteur découvre qu’il n’a jamais eu les clés, précisément parce que le narrateur les avait oubliées.

⇢ AVIS

8
MARION
Note : ★★★★★ (5/5)

Ce livre m’a été offert par une amie à Noël, et il représente une grande première pour moi, dans le sens où je n’avais encore jamais lu d’auteur coréen. Étant une grande fan de la culture, cuisine, musique et cinématographie coréenne, c’était là une lacune que je me devais de combler, et le livre choisi par mon amie y était décidément une très bonne introduction.

Je lis rarement de roman policier, mais celui-ci a une saveur toute particulière puisqu’il est écrit du point de vue du tueur, et que ce tueur vieillissant souffre à présent de la maladie d’Alzheimer.
La première partie du récit, constamment parsemée d’un humour noir mordant, est très vivante : on accompagne Kim Byeong-su dans son quotidien, la découverte de la maladie, son intérêt pour la poésie et la philosophie, ses petites manies d’homme âgé ; on assiste également à la fuite de sa mémoire immédiate, tout en apprenant à le connaître grâce à ses souvenirs plus lointains, qui eux demeurent très précis. C’est un vieillard attendrissant, et bien que tout nous rappelle son ‘hobby’ des plus particuliers, on ne peut s’empêcher de bien aimer cet ancien tueur en série qui se languirait presque du « bon temps ». En apparence assez indifférent et froid envers sa fille adoptive, c’est pourtant bien son amour envers celle-ci qui va le pousser à vouloir reprendre ses anciennes activités pour la protéger, malgré sa mémoire vacillante qui l’oblige à se servir d’abord d’un petit carnet, puis d’un dictaphone.

Ce roman est rédigé de façon à ce qu’on ne sache jamais vraiment si on est dans la tête de Kim Byeong-su, ou si on lit ce qu’il inscrit dans son petit carnet, mais le tout reste très vif et plein d’une agréable énergie.
Le temps presse à mesure que le danger se rapproche d’ Eun-hee, mais le temps est aussi un piège qui se referme autour du narrateur : comment s’y repérer, lorsque tous les repères se confondent ? Au fur et à mesure de la lecture, la maladie progresse, gagne inexorablement du terrain, et les indices pour aider à la protection d’Eun-hee deviennent de plus en plus confus et embrouillés, à l’image de l’esprit du narrateur qui mélange lointains souvenirs, impressions fugitives, moments d’une lucidité acérée et citations philosophiques.
Grâce à la construction très particulière de ce récit, on assiste de l’intérieur à la lente dégradation du cerveau, sans pouvoir rien y faire, et malgré l’urgence de la protection de sa fille adoptive, le vieil assassin perd peu à peu les pédales. Cette progression de la maladie est réellement un élément clé qui est très bien rendu, et finalement, comme il est marqué dans le quatrième de couverture, ce n’est pas tant Kim Byeong-su le héros de cette histoire, que la mémoire en elle-même, puisqu’elle a finalement réussi à lui faire oublier jusqu’aux clés principales de son histoire…

Kim Young-ha se montre ici à la hauteur des plus grands auteurs de polars noirs, en nous présentant mine de rien, sous couvert d’une gentillette histoire racontée par un vieillard malade, une histoire sordide et malgré tout entraînante, dont le dénouement est totalement inattendu, et le narrateur très attachant.
C’était donc pour ma part une très bonne découverte, et je ne manquerai pas d’aller faire un tour sur le stand des éditions Philippe Picquier au prochain Salon du Livre dans l’espoir d’y croiser Kim Young-ha !

⇢ ACHETER

Broché — Amazon, Fnac (17,00€)
Ebook — Amazon, Fnac (11,99€)

4 commentaires

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