L’Esclave d’Eva Delambre

★★★★★ (4,5/5) — « Je m’attendais à trouver dans ce livre de l’émotion, de l’intensité, de l’honnêteté… et j’ai eu tout ce que je souhaitais ! J’étais parfois essoufflée, parfois agacée, par moment j’avais envie de pleurer puis de hurler. C’était une histoire extraordinaire et l’auteure a su me la faire vivre intensément. »

esclave

Une histoire aussi fascinante que déroutante à laquelle personne ne peut être insensible.

⇢ FICHE TECHNIQUE

Titre : L’Esclave
Auteur : Eva Delambre
Editeur : Tabou
Collection : Les Jardins de Priape
Genre : littérature française, érotique
Parution : 10 octobre 2014
Nombre de pages : 208

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⇢ QUATRIEME DE COUVERTURE

Elle se rêvait esclave d’antan, esclave éternelle, sans droit de parler, les yeux toujours baissés, agenouillée ou prosternée aux pieds de son maître. Elle rêvait de chaînes, de fouet, de contraintes. Elle rêvait d absolu.

Plus le temps passait, plus ses fantasmes s’intensifiaient et lui tordaient le ventre d’envie. Léna ne s’expliquait pas comment une femme éduquée, libre, sans traumatismes physiques ou psychiques, pouvait désirer être ainsi privée de liberté. Comment justifier l’excitation d’être asservie plus encore qu’un animal domestique, de vivre cloîtrée, sans intimité, constamment aux ordres, rabaissée, peut-être même frappée ?

Aux pieds du Maître à qui elle fera don de son corps et de son âme, elle découvrira la soumission, l’extase et la souffrance, jusqu’à devoir faire face à son ultime limite.

⇢ AVIS

8
ERIKA
Note : ★★★★★ (4,5/5)

Après avoir lu L’Eveil de l’Ange, j’ai eu la chance de pouvoir discuter avec Eva Delambre directement. C’est une auteure très proche de son public avec qui il est facile et agréable de parler. J’ai pris beaucoup de plaisir à échanger avec elle et j’ai ainsi pu en apprendre un peu plus sur l’univers du BDSM. Au cours de ces discussions, j’ai appris que ‘L’Esclave’ était un hommage à son Maître et représentait son fantasme d’appartenance absolue et totale. C’était donc, selon moi, un roman encore plus personnel. De ce fait, j’étais extrêmement impatiente de lire ce livre. Je m’attendais à y trouver de l’émotion, de l’intensité, de l’honnêteté… et j’ai eu tout ce que je souhaitais !
C’est de nouveau une lecture qui m’a particulièrement marquée. J’étais parfois essoufflée, parfois agacée, par moment j’avais envie de pleurer puis de hurler. C’était une histoire extraordinaire et l’auteure a su me la faire vivre intensément. J’ai beau ne pas pouvoir m’identifier réellement à Léna car je ne partage pas son besoin ni ses fantasmes, j’ai pu me sentir proche de ses émotions. C’est en ça que je trouve Eva Delambre exceptionnelle. Elle est capable d’entraîner une personne comme moi, qui n’a rien à voir avec cet univers et y est attirée uniquement par soif de connaissance, et de lui faire vivre une aventure incroyable qui va pourtant contre toutes les normes de la société actuelle. Elle ne se contente pas de vous faire découvrir un nouveau monde, elle vous explique pourquoi il existe, pourquoi vous n’avez aucune raison de le juger et pourquoi il n’a rien d’anormal.

Justement, au début de l’histoire, l’auteure aborde à travers son personnage le problème du jugement. « Il n’était pas normal qu’une femme se soumette, après tout ce que l’on avait fait pour l’égalité des sexes ! Ces gens avaient des problèmes, ils avaient été maltraités enfants, forcément ! » Voilà ce qui est écrit et qui est effectivement souvent entendu au cours de discussions sur le sujet. J’ai été extrêmement touchée par cette partie. Je ne suis pas concernée mais je suis toujours révoltée lorsque j’entends les gens porter des jugements qui sont bien souvent infondés. Je ne dis pas qu’il faut que tout le monde bascule dans l’univers du BDSM, nous sommes tous différents et c’est tant mieux, mais que chacun balaye devant sa porte et le monde s’en portera bien mieux.

Plus loin, on peut lire « Elle ne dérangeait personne. Elle n’entrainait personne dans sa déviance. (…) Son acte était individuel, conforme à ses envies, répondant à ses besoins. Ca ne regardait qu’elle. C’était sa vie et elle avait choisi d’en faire ce qu’elle voulait. Et ce qu’elle voulait, c’était être à lui. » Lorsque j’ai lu cette partie je me suis dit « C’est exactement ça ! ». Je suis du genre à penser que s’il s’agit d’un accord entre deux adultes, s’ils ne causent de tort à personne, alors ils peuvent bien faire ce qu’ils veulent. C’est ce que j’aimerais que les gens retiennent de ce livre s’ils le lisent. C’est mon objectif lorsque je recommande certaines lectures un peu particulières. J’aimerais que les gens soient plus ouverts et moins critiques, qu’ils s’oublient un instant et se laissent imprégner des émotions décrites afin de pouvoir se mettre un peu à la place de toutes ces personnes qui sont peut-être une minorité (mathématiquement parlant) mais qui ne sont pas pour autant en tort.

Pour revenir au livre, il y a dedans deux personnages principaux et un personnage secondaire qui a beaucoup d’importance selon moi. L’histoire tourne autour de la relation de Léna et Maître Argan. C’était d’ailleurs un régal d’assister à l’évolution de leurs sentiments et j’ai trouvé intéressant de voir la différence de perception entre la femme et l’esclave.
Puis il y a la soumise de Maître Argan, Diane, que je n’ai pas du tout aimée. Je ne sais pas si c’est parce que je me suis mise à la place de Léna tout en gardant ma propre personnalité, mais je l’ai détestée. J’avais le sentiment qu’elle prenait Léna de haut, qu’elle se sentait supérieure à elle. En soi, c’était le cas d’après les relations établies, et c’était peut-être normal sans que je ne le comprenne, mais ça m’a tout de même agacée. Une part de moi voulait que Léna soit la seule pour Maître Argan. J’étais possessive à sa place, j’étais loin de l’abnégation totale, moi…

Le livre raconte donc les différentes étapes au cours desquelles Léna devient l’esclave de Maître Argan. Je suis connue pour être une personne particulièrement ouverte d’esprit, j’évite de juger et je suis toujours avide de découvertes. Pourtant, même moi j’avoue avoir eu un peu de difficulté avec ce principe d’esclave. Cela n’a rien à voir avec les combats qui ont été menés ou sont encore menés pour l’égalité pour tous, c’est plus un problème de compréhension de ma part. Je n’avais aucun mal à saisir qu’on veuille se soumettre à quelqu’un mais je pouvais difficilement concevoir le statut d’esclave qui est bien plus ‘dur’ selon moi. J’ai d’ailleurs mal géré l’absence de sentiments entre Léna et Maître Argan au début. Il m’est très difficile de concevoir une relation aussi intense sans attachement particulier. Léna avait des sentiments pour lui depuis le début mais je ne savais pas ce qu’il en était de Maître Argan et c’était très délicat. Cependant, au fil de ma lecture j’ai pu comprendre un peu plus ce que ressentaient les deux personnages, en particulier notre héroïne. C’était agréable de la voir avancer progressivement vers son objectif, évoluer, se métamorphoser, devenir ce qu’elle voulait être. On comprend d’ailleurs que ce n’est pas une simple envie ou un fantasme, il s’agit bien d’un besoin et c’est donc encore plus puissant. J’ai été chamboulée par la foule d’émotions qui l’envahit au fil des pages. Elle voulait être esclave mais avait besoin de tendresse, elle ne voulait pas être inutile mais ne pensait pas mériter d’affection, elle était en permanente contradiction interne et c’était intense. On sent le désordre dans son esprit et c’est encore plus fascinant.
En bref, même si j’ai eu du mal avec l’idée de départ, je m’y suis progressivement habituée et c’est devenu plus simple pour moi à force de voir les sentiments et les personnages évoluer. Et j’ai énormément aimé la fin du livre. Je n’en parlerai pas ici pour garder le mystère mais je l’ai trouvée sublime et pleine d’émotion. J’en aurai presque pleuré…

J’avais entendu dire que ‘L’Esclave’ était extrême et plus dure à la lecture. Je reconnais qu’il est plus dur mais c’est selon moi lié au sujet de l’histoire. Le style d’écriture d’Eva Delambre a beau être plus cru pour cet ouvrage, j’y ai retrouvé sa jolie plume qui est extrêmement douce. C’est un contraste que j’affectionne énormément, car en dépit de certains mots directs j’ai encore trouvé que sa manière d’écrire était presque mélodieuse, comme si quelqu’un me chantait l’histoire doucement. Ce n’est peut-être qu’un ressenti personnel qui n’est pas partagé mais c’est ainsi que je l’ai vécu. C’était légèrement perturbant de m’entendre chanter une histoire sur une esclave d’ailleurs…

Il y a un autre point positif lié à l’auteure, c’est qu’elle explique réellement les choses. J’ai découvert ici la technique du ‘stop-and-go’ (que vous connaissez sûrement comme étant le fait de ne jouir que sur ordre de son Maître) et maintenant je comprends un peu mieux certaines choses. Sans être bien présentée, la technique était utilisée dans beaucoup de romans érotiques et je me disais toujours que c’était totalement irréaliste. Maintenant je sais que c’est quelque chose qui se travaille et qui existe bien mais la plupart des auteurs laissent penser que ça se fait d’un claquement de doigt alors que cela s’apprend. Comme je l’ai déjà dit, j’aime l’honnêteté présente dans les écrits d’Eva Delambre. Ce n’est pas de la simple fiction, on sent le vécu également et c’est ce qui fait toute la différence.

Je finis les points positifs en mentionnant que la couverture est une fois de plus magnifique ! Je pensais qu’il s’agissait du choix des éditions Tabou mais c’est en fait Eva Delambre elle-même qui a posé, choisi et retouché la photo. C’est encore plus significatif.

Après avoir dit tant de choses positives, il faut que j’explique pourquoi je n’ai pas mis la note maximale. C’est tout simplement parce que j’ai davantage aimé L’Eveil de l’Ange et que je ne pouvais donc pas mettre une note supérieure à celle que j’avais donnée à ce roman. Ce n’est pas un problème de qualité du livre, juste une question de goût. Aussi, j’ai relevé plusieurs petites fautes telles que des inversions de mots ou de lettres. Cela n’enlève rien à la compréhension du texte mais cela peut tout de même être dérangeant pour certains lecteurs.

Honnêtement, je pense que c’est un livre qui peut choquer. Personnellement je l’ai dévoré mais je ne suis pas sûre que cela convienne à tout le monde. Comme pour la plupart des livres des éditions Tabou, le pré-requit de base est l’ouverture d’esprit. Si c’est votre cas et que vous êtes avides de découvertes, je pense que vous aimerez beaucoup ce livre et que vous vivrez une aventure exceptionnelle en compagnie de Léna et Maître Argan. Si ce n’est pas le cas, il est préférable que vous passiez votre chemin…

⇢ ACHETER

Broché — Fnac, Amazon (16€), Tabou Editions (15,20€)

4 commentaires

  1. Je l’ai lu il y a un moment mais je m’en souviens très bien. Il est très original dans sa manière d’interpréter les choses et je suis d’accord avec la plupart des choses que tu as dites ^^ Ce huit-clos est d’une grande intensité et l’écriture de l’auteur est vraiment agréable à lire.

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    • C’est un livre marquant, ça ne m’étonne pas du tout que tu t’en souviennes encore. Et je suis contente que nous soyons plus ou moins sur la même longueur d’ondes à son sujet ^^

      Reply

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