Le Manoir d’Emma Cavalier

★★★★★ (4,5/5) — « L’auteure aura su capter mon intérêt et me passionner de la première à la dernière page. Je conseille ‘Le Manoir’ à tous les amateurs du genre, laissez-vous inviter aux séances du célèbre Julien Andringer, dont vous ne sortirez pas ‘indemnes’. »

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« A celui qui fut, est, et sera, tour à tour l’objet de mon désir, ma muse, mon compagnon de jeu et d’apprentissage, l’étincelle de mon inspiration, mon lecteur, et le maître de mon coeur. »

⇢ FICHE TECHNIQUE

Titre : Le Manoir
Auteur : Emma Cavalier
Editeur : France Loisirs (Belgique Loisirs)
Collection : Piment rouge
Genre : érotique, littérature française
Parution : avril 2016 (première parution par les éditions Blanche le 25 août 2011)
Nombre de pages : 361
Distinction : Prix Eros Evian du meilleur premier roman érotique (2011)

Un second tome complète ce roman et est intitulé « Légendes du Manoir ».

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⇢ QUATRIEME DE COUVERTURE

Le Manoir est le récit de Pauline, jeune archiviste chargée de mettre de l’ordre dans les documents accumulés dans une demeure consacrée depuis un siècle à des pratiques et des rencontres sadomasochistes. Totalement ignorante de cet univers, Pauline entrevoit un monde étonnant de fantasmes. A cette découverte troublante que nous suivons pas à pas au gré des documents classés par Pauline, se mêle une expérience bien réelle avec son employeur, Julien, qui lui impose des règles en fonction de ses caprices. Aux prises avec cet homme qui associe allègrement la souffrance avec le plaisir, la complicité avec la brutalité, Pauline se retrouve face à elle-même, à ses propres désirs et à ses propres choix.

⇢ AVIS

8
NADEGE
★★★★★ (4,5/5)

Ce roman se révèle être ma seconde véritable expérience livresque érotique après ma lecture d’ ‘Expériences du domaine sensible‘. Et quelle expérience ! D’abord attirée par la couverture que je trouvais magnifique, j’ai été conquise par le récit qui m’a passionnée du début à la fin !

Alors que Pauline est engagée par le très séduisant Julien Andringer en qualité d’archiviste, elle se retrouve plongée dans un univers qui lui est inconnu. Au travers des documents qu’elle traite et des traitements que Julien lui fait subir, la jeune femme va se familiariser avec ces pratiques qui allient le plaisir et la souffrance. Mais jusqu’où est-elle prête à aller ?

Bon, je dois reconnaître que je n’ai pas été totalement objective lorsque j’ai choisi cette lecture (petite déformation professionnelle que je ne regrette aucunement !). Les petits clins d’oeil au métier d’archiviste (et j’entends par là les tâches et démarches entreprises par Pauline pour la classification des archives du Manoir) m’ont bien amusée. Ce sont des choses qui me sont familières et c’est la première fois que je les rencontre de manière aussi directe en littérature et surtout dans le genre érotique. Et c’est une dimension de l’histoire que j’ai beaucoup aimée. J’aimerais d’ailleurs reprendre deux extraits qui m’ont beaucoup plu :

« Par certains côtés, le travail d’un archiviste est un peu comparable à celui d’un médecin ou d’un prêtre. Les documents nous transmettent cette espèce de confession sans visage, relatant les faits de leur propre point de vue. On a pour tâche de les analyser, les organiser, les débarrasser de leurs scories et les préserver, pour qu’ils incarnent la mémoire et la santé des organismes vivants font ils sont l’émanation.
Une tâche qui peut s’avérer assez fastidieuse au quotidien, mais qui est éclairée par l’aura mystérieuse du secret et du pouvoir. (…) nous autres archivistes nous entrons dans la profession avec le fantasme du fonds idéal, vierge de toute étude, miraculeusement conservé, parsemé des noms des personnalités qui ont fait l’histoire, un fonds qui révélerait d’inavouables secrets dont nous serons, nous archivistes, les gardiens. »
(p.9)

« C’était un univers de règles, de contrats et d’engagements, un peu cynique peut-être, mais dont les tenants étaient au moins aussi obsédés par la sécurité et maniaques de classification que des bibliothécaires. » (p.59)

Les personnages sont également très intéressants. Tout d’abord : Pauline. Une jeune femme très professionnelle, qui se retrouve quelque peu désemparée face au charisme de Julien Andringer, mais qui n’en perd cependant pas son mordant ! Un personnage de caractère que j’ai adoré ! En effet, elle connaît une bonne évolution selon moi, gardant sa forte personnalité, tout en offrant beaucoup d’elle-même à Julien. Le mâle de l’histoire m’a quant à lui beaucoup impressionnée. Pas de personnalité complexe mais un charisme qui en met plein les yeux aux lecteurs.
Tout comme Pierre, ce maître unique, qui devient une sorte d’ami pour Pauline. J’ai beaucoup apprécié ce personnage. Mais mon préféré restera Alicia, cette parfaite soumise et confidente de Pauline. Personnage secondaire, elle n’intervient pas autant que je l’aurais souhaité malheureusement.

Mentionnons maintenant le coeur de l’histoire, à savoir les séances SM.
Avant de mentionner celles présentes dans le livre, je dois avouer que je suis un peu ‘blasée’ par le phénomène. En effet, j’ai l’impression que la plupart des romans érotiques que nous rencontrons aujourd’hui en librairie misent sur ça après le succès de ’50 Nuances de Grey’, mais cela est peut-être réducteur.
Ainsi, je partais avec une petite appréhension en entamant ma lecture de ce roman. Mais grâce à ma petite expérience (et si je peux me le permettre), je dirais que ‘Le Manoir’ est un excellent roman sur le sujet. Je ne saurais dire si l’auteure est familière à cet univers, ça reste en tout cas, pour moi, assez bien documenté ! Notamment grâce à des clins d’oeil issus de la littérature, tels qu’ ‘Histoire d’O’ ! Ensuite, par rapport aux règles que la famille Andringer impose aux visiteurs des séances organisées au Manoir. Tout comme l’aspect du contrat entre le Maître et son/sa soumis(e).
Parlons finalement des scènes de sexe, qui sont certes nombreuses, mais pas trop pour moi. Au contraire, j’ai trouvé que ces dernières sont au service de l’histoire et Emma Cavalier n’est pas tombée dans l’abus. Elles sont, de plus, bien écrites et décrites, l’auteure ne tombant pas dans le vulgaire.

Un dernier détail de l’histoire qui m’a passionnée concerne les extraits des archives relatant l’histoire de la famille Andringer et du Manoir. Des informations aussi riches et intéressantes qu’utiles à l’histoire, donnant un certain rythme à celle-ci. De plus, j’ai trouvé que ces extraits intervenaient comme une petite piqûre de rappel concernant la mission de Pauline, ‘permettant’ au métier d’archiviste de côtoyer de manière égale le sadomasochisme. Serait-ce deux points importants pour l’auteure ?

A côté de tous ces points positifs, j’en ai cependant deux qui le sont moins, d’où le fait que je n’ai pas donné la note maximale à ce roman.
Tout d’abord, l’entrée en matière dans le monde du SM a été trop brusque pour moi (dès les premières pages) et j’ai ressenti cela comme un empressement de la part d’Emma Cavalier. Sur ce point, j’aurais préféré que l’auteure soit plus ‘délicate’ dans la manière d’introduire le sujet dans le récit.

Le second concerne la longueur des chapitres que j’ai trouvé beaucoup trop longs. Pour un roman de 361 pages, vous avez 6 chapitres. Mais je dois dire que l’auteure (ou l’éditeur) a adopté une sacrée régularité avec des chapitres de 60 pages à chaque fois !

Et comme je n’aimerais pas terminer cette chronique sur une note négative et n’ayant pas encore mentionné ce point, j’ajouterai que j’ai apprécié la plume et le style de l’auteure. Très fluide, les mots se sont envolés au rythme des pages tournées et je pense m’intéresser de très près aux autres romans d’Emma Cavalier, cette dernière m’ayant fait forte impression avec son premier roman !

En conclusion, cette lecture fut plus qu’agréable et malgré des chapitres plutôt longs, l’auteure aura su capter mon intérêt et me passionner de la première à la dernière page. Je conseille ‘Le Manoir’ à tous les amateurs du genre, laissez-vous inviter aux séances du célèbre Julien Andringer, dont vous ne sortirez pas ‘indemnes’.

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