Le passeur de Lois Lowry

★★★★★ (5/5) — « L’auteure nous fait prendre conscience de la chance que nous avons de posséder notre libre arbitre, de pouvoir réaliser des choix et de ressentir plein d’émotions. »

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Ce qu’il y a de pire quand on détient les souvenirs, ce n’est pas la douleur. C’est la solitude dans laquelle on se trouve. Les souvenirs sont faits pour être partagés.

⇢ FICHE TECHNIQUE

Titre : Le passeur
Auteur : Lois Lowry
Editeur : Editions L’École des Loisirs
Genre : science fiction, jeunesse
Parution : 25 mai 1993
Nombre de pages : 235

⇢ QUATRIEME DE COUVERTURE

Le monde dans lequel vit Jonas est bien éloigné du nôtre : une société où la notion d’individu n’existe pas. Plus surprenant encore : ses membres ne ressentent rien. Ni amour ni haine viennent bousculer leur quotidien. Les gens ne meurent pas non plus. Ils sont « élargis ». Tout comme le héros de cette histoire – un garçon de douze ans – le jeune lecteur brûlera de savoir ce qui se cache derrière ce terme si obscur.

⇢ AVIS

8
STEVEN
Note : ★★★★★ (5/5)

Le passeur est certainement l’un des pionniers de la dystopie destinée à un public assez jeune.
Ayant déjà vu l’adaptation cinématographique je m’y suis penché sans surprise tout en sachant que j’allais adorer m’y perdre. C’est d’ailleurs l’une des rares fois ou je me penche sur un livre après avoir regardé le film et non l’inverse. Ce roman fait aussi partie de ma sélection du challenge Au fil des saisons et des pages.

Nous retrouvons ici Jonas, jeune garçon allant passer la cérémonie pour devenir un ‘douze-ans’ comme les autres enfants nés la même année. Les anniversaires n’existent plus non plus dans cet univers, d’ailleurs ce sera la dernière fois qu’il parlera de son ‘age’ car après plus aucun membre de la communauté ne compte les années de vie. Au cours de cette cérémonie son futur métier lui sera indiqué. Jonas est un garçon ordinaire, poli et intelligent qui possède la capacité de voir ‘au-delà’ du monde identique créé il y a plusieurs générations maintenant, faisant de lui quelqu’un de spécial.

Ce monde identique où on apprend la ‘précision du langage’ depuis ses trois ans, où on s’habille de la même manière, où on ne ressent rien, pas même la douleur et où on choisit pour vous votre future ligue et vos futurs enfants.
La liberté et le libre arbitre ont été supprimés pour permettre une vie en collectivité parfaite avec peu de crimes, de chamailleries. Tout est contrôlé par le gouvernement, du langage aux émotions.
Même le climat, pouvant nuire aux plantations et aux actes de la vie quotidienne n’existe plus.

Si malheureusement un individu de la communauté venait à désobéir au règlement il serait tout simplement ‘élargit’ et donc exclu de la société. C’est le sort qu’est réservé aussi aux anciens ainsi qu’aux nouveaux nés ne remplissant pas les critères de sélection. Personne au sein de la communauté ne sait ce qu’est réellement l’élargissement sauf les anciens vivant ensemble dans une maison leur étant dédiée. C’est pourquoi chacun voit d’un bon oeil cet acte envoyant quelques personnes vers un autre monde, alors inconnu à Jonas.
D’ailleurs la famille, renommée cellule familiale pour la précision de langage, est autorisée à ramener chez eux un petit bambin ne faisant pas ses preuves du fait d’un développement plus long que les autres nourrissons.

Comme je le disais précédemment, Jonas, à plusieurs reprises, sentait les objets changer, se transformer un quart de seconde.
De plus, étant à l’âge où nos corps et nos esprits changent en permanence il découvre avec émoi le sentiment d’attirance, d’envie pour un objet ou une personne, appelés ici stimulation.
Lorsqu’il en fit la confession à ses parents il se vît prescrire une pilule abolissant directement ses effets nuisant à la vie en communauté.
C’est cette étrange et inconnu sensation qui le fit devenir le nouveau dépositaire de la communauté.
À travers sa formation et avec son mentor nous en apprenons plus sur ce qu’est le dépositaire et sur son rôle de grand sage. En réalité le dépositaire et l’ultime souvenir des souvenirs passés avant la création de cette communauté. C’est la mémoire, le patrimoine unique du véritable monde que nous connaissons. Ce monde on nous aimions graviter avec ses joies et ses peines que Jonas découvrira pendant ses longues heures de formation. Il y découvrira la neige et l’amusement contre la douleur et la guerre faisant naître en lui de véritables et fortes émotions passant de l’amour au chagrin, de la joie à la peine et du bonheur à la famine.
Chaque soir Jonas enfreint le règlement et transmet quelques brides de souvenir à Gabriel le petit rejeton recueilli par sa famille et nous découvrons alors l’avancée énorme que réalise l’enfant.

Étant encore très jeune lorsque Jonas découvre ces bridages de sentiments, de couleurs ou d’objets, une réelle rébellion naît en lui et nous alors suivrons Jonas dans une véritable aventure pour sauver sa vie « sans passé, sans couleur et sans amour » que lui ont imposé les chefs de la communauté. Mais surtout, il donnera tout ce qui est en son pouvoir de dépositaire pour sauver Gabriel de l »élargissement’, seul espoir à sa cause.
En fuyant cette vie sans saveur il découvrira tout un panel de nouvelles choses le faisant lui aussi évoluer tel un nourrisson découvrant le monde qui l’entoure.

Le style de l’auteure est d’une fluidité remarquable. Quoi de plus normal me direz vous vu que le public visé était les enfants, à sa sortie initiale. Les pages ont défilé a une vitesse folle et du fait de sa courte longueur l’auteure ne nous assomme pas de longues descriptions. Juste assez pour nous faire percevoir ce monde triste ou ne règne aucune vie.
C’est là tout l’intérêt de ce roman. L’auteure nous fait prendre conscience, ou nous rappelle, la chance que nous avons de posséder notre libre arbitre, de pouvoir réaliser des choix et de ressentir plein d’émotions.
Avec sa plume légère et douce elle nous démontre que la souffrance fait malheureusement partie de la vie, tout comme le bonheur et l’amour et que nos sentiments et nos choix nous créent et créent surtout notre véritable identité. Elle réussi avec brio à démontrer que chaque humain est peut-être égal à l’autre génétiquement parlant mais unique à chacun de par son propre patrimoine.
De ce fait je regrette de ne pas avoir lu ce livre dans ma jeunesse. Il m’aurait certainement encore appris plus vite ce qu’était le véritable monde. C’est un message plein d’espoir qu’elle laisse dans ce roman et transmet indirectement la tolérance au travers ce récit.

Pour conclure je dirais que cette dystopie sort du lot car elle est courte mais surtout parce qu’à la différence des autres récits du même genre, son message nous est réellement destiné. Je trouve dommage d’ailleurs qu’elle ne fasse plus partie des lectures scolaires car elle a tout d’un petit guide pour apprendre à évoluer en communauté et moi-même je pense le relire de temps à autre en piqûre de rappel lorsque je me plaindrais des quelques futilités que je traverserais. Et, je me rappellerai en quoi la vie est belle malgré tout et à quel point on doit chérir chaque moment vécu. J’ai en quelques sortes enfin trouvé mon livre de chevet.
Chacun de nos souvenirs, bon ou mauvais, ainsi que chaque preuves d’amour/amitié reçues participent à nous construire et à nous faire devenir ce que nous sommes et surtout ce que nous deviendrons et transmettrons à notre tour aux générations futures. Je me dois donc de remercier l’auteure de me le rappeler.
D’ailleurs en classant ma chronique j’aurais pu tout aussi bien la catégoriser dans notre partie ‘développement personnel’ ou ‘roman d’apprentissage’.

N’hésitez pas non plus à regarder l’adaptation cinématographie, très bien réalisée et filmée, de cette magnifique oeuvre.

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6 commentaires

  1. Pour ma part j’ai lu ce livre quand j’étais en 4ème, il s’agissait d’une lecture scolaire et je ne remercierais jamais assez ma prof de français ! Ce livre a été un coup cœur. Je n’ai vu l’adaptation que très récemment et j’ai pleurée du début à la fin (surement l’émotion de voir ce monde porter à l’écran). Un très bon roman que les fans de dystopies devraient lire!

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  2. Je l’ai très souvent eu entre les mains quand je travaillais en librairie (nous le vendions dans le cadre de lectures scolaires), mais je n’ai jamais pris la peine de l’ouvrir et de le lire…Sans doute par crainte qu’il soit trop jeunesse à mon goût…
    Ton avis m’a rappelé ce titre et donne bien envie de le lire, je vais peut-être m’y plonger si l’occasion se présente 🙂

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    • Je n’ai jamais eu la chance de lire cet ouvrage pendant ma scolarité ce qui est bien dommage au vu de la philosophie aborder dans ce roman.
      Honnêtement lis le dès que tu peux il se lit très très rapidement en plus.

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  3. Je me souviens avoir adoré ce livre, et comme toi, je pense à m’en faire un livre de chevet. L’histoire est tellement belle, et nous fait voir la vie comme un cadeau.
    Bonnes lectures !

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